vendredi 13 septembre 2019

Ascension du Grand Paradis - 4061m !

Jeudi 5 Septembre 2019
Il est 3h56 quand j'entends des voix dans la chambre d'à côté. Enfin il est l'heure de se lever ! Entre la température, trop chaude, mon drap sac, trop serré, ma respiration, trop nulle à cause de l'asthme, j'ai un peu mal dormi. En tout cas je suis quand même assez reposée pour me lever avec l'envie dévorante de grimper ce Grand Paradis !
 Je réveille papa et Damien, on s'habille, on termine les sacs et on descend petit-déjeuner. Il est près de 4h30, mais le refuge grouille comme une petit fourmilière ! Je plains un peu les randonneurs qui "dorment" encore jusqu'à ce que le soleil montre le bout de son nez. Je pense qu'ils nous haïssent du fond de leurs couvertures ! 
Il est 4h55, nous sommes tous les trois dehors et les derniers à partir. Derniers ajustements, lumières sur le front... on se couvre mais pas trop : il fait bon. Je laisse même ma veste gore-tex dans le sac ! C'est partiiiiiiii ! *excitation extrême et danse de la joie*
5h45, on marche sur la moraine du glacier


Nous contournons le refuge et là, spectacle grandiose : une multitude de lumières vacillantes nous montrent le chemin. Cette guirlande vivante monte jusqu'à ce que la nuit l'avale... Une étoile filante survole le tout pour couronner cette image que je garderai toute ma vie.

"Je crois qu'on fait tous le même vœux, là", dit mon père. Oui : arriver au sommet et revenir. Vœux réalisé, vive cette journée grandiose !
Mon père nous fait adopter le même petit rythme que la veille, et nous le suivons sagement. Je suis bien contente qu'il arrive à donner ce rythme car dans la nuit c'est difficile, je trouve, de ne pas s'emballer. Tout est différent dans le noir : odeur, sensation, ouïe... Moi qui avait peur de marcher de nuit plus jeune, je me régale aujourd'hui.

Quand on se retourne, le refuge aux lumières éclairées se fait de plus en plus petit. On attaque la moraine du glacier en observant à droite deux petites lucioles se détacher du chemin lumineux. Eh oui, nous ne sommes pas sur la voie classique en raison des conditions glacières. Le glacier "traditionnel" est trop raide et glacé, nous a dit le gardien du refuge. Alors on suite le nouveau tracé en réalisant que les alpinistes sur notre droite semblent galérer un peu.
6h00 : on prend de la hauteur
Il fait encore bien bien noir quand on rattrape deux-trois groupes. Comme quoi, pas besoin de courir : à pas lents et sans se fatiguer on rattrape ceux qui courent (mouahaha !).
Petite difficulté : nous sommes face à quelques gros bloc de rocher que l'on doit passer tant bien que mal. Certains s'encordent, nous décidons de passer comme on peut. On réussit, et quand on arrive sur un terrain plus régulier à environs 3300m, le ciel commence à s'éclaircir et le Mont-Blanc, au loin, commence à bien se distinguer. C'est tellement beau !
6h20
Au loin, les deux personnes qui sont partis sur l'itinéraire "classique" semblent stagner au même endroit. (Plus tard, on verra que le début du glacier est presque à la verticale ! Difficile, donc.) Devant nous, le Grand Paradis se découpe sans que nous distinguions pour le moment aucune cordée sur ses pentes. Derrière nous, un homme chante "On ira tous au Paradis" ♪♫ et ça colle bien !
Papa (Monsieur le guide) et le Grand Paradis au dessus de la pointe de son piolet

Tout s'éclaire rapidement. On arrive presque au pied du glacier, il est donc temps pour moi de faire la pause pipi. IMPORTANT. Être une femme en montagne c'est chiant ! Alors certes, voir une paire de fesses ça n'a jamais tué personne, mais essayez de faire pipi avec un baudrier, encordé à deux personnes et avec des gens derrières. Impossible. Im-po-ssi-ble ! Donc il faut la jouer stratégique. Il doit être 6h30, et je sais que je ne vais pas remettre les pieds sur la terre ferme avant peut-être six heures. C'est important à souligner, encore une injustice faite aux femmes ! 


Il est un peu moins de 7 heures quand nous rejoignons plusieurs personnes en train de s'équiper. Il est temps ! Baudrier mis, battons de rando troqué par le piolet (dont je doute encore de l'utilité), crampons au pied... Le temps que mon père termine de sortir la corde, j'observe les alpinistes qui viennent du refuge Chabod et qui ont déjà mis les pieds sur le glacier de Laveciau. Nous sommes à 3400m et de rester immobile je suis gelée. Hop, on met la veste, les gants et on saute sur place pour faire circuler le sang dans les pieds.

Et puis c'est parti ! Pas trop tranquille au début (Damien non plus d'ailleurs), on finit par prendre nos marques et avancer doucement mais surement. Le passage, fréquent, a laissé place à un petit chemin bien marqué qui facilite la progression. Il fait bien bien froid et se remettre en activité fait du bien.

Je me sers du piolet pour m'aider à avancer mais je crois que j'aurais préféré avoir mes battons de marches pour ne pas avoir à me plier un peu pour prendre appuie dessus. Jusqu'à ce que...

Une crevasse ! Moi, les seules que j'ai croisées dans ma vie, il suffisait de faire un grand pas pour les passer. Pas ici ! Ici, c'est large et en plus un des deux côtés est plus haut que l'autre. Alors pour les grands comme Damien, ça passe facile. Pour mon père, ça passe aussi. Mais quand je me retrouve devant, je me rends compte que ça va pas être facile du tout. Et quand mon père me dit "ben tu frappes ton piolet dans la glace et tu t'accroches à lui pour te hisser", je me vois déjà tomber, et adieu ! (Avec mon exagération habituelle.)
Donc me voilà poser un pied sur un côté, l'autre en face et me retrouver en une espèce de position de grand écart qui, avec ma souplesse légendaire, doit me faire ressembler à un espèce de crapaud désarticulé. En plus, je sens que le guide derrière moi est pressé et ça ne m'aide pas du tout ! Je finis par y arriver et me dis qu'en fait ça ne sera peut-être pas de tout repos !  Une deuxième crevasse un peu plus loin me le confirme.


Plus de crevasses pour le moment, mais ça monte bien raide et je commence à fatiguer un peu. Heureusement depuis un moment nous sommes forcés de faire quelques mini-pauses le temps que les gens de devant avancent. Nous ne sommes pas nombreux, mais le temps de passer les passages délicats...ça bouchonne un peu.
 Il est 8h30, et nous devons être aux environs des 3700m d'altitude. Je réclame une pause pour manger quelque chose et le guide qui me collait au c*l à la dernière crevasse termine de nous doubler. Pour la petite histoire, ils étaient une cordée de cinq, et la dernière, une femme, semblait épuisée. Mon père l'a vu passer devant lui les lèvres bleues ! Pas tip top ce guide à trainer ses clients... Enfin bon, nous, nous prenons notre temps ! 
 
Tout roule !
Nous avons rattrapé depuis un petit moment une guide française avec ses trois clients américains. Je les aime bien ils me sont sympathiques et on est à peu près au même rythme. On repart d'ailleurs quasiment ensemble, et nous arrivons ensemble à une sorte de "col" qui donne une vue grandiose sur toutes les montagnes aux alentours, bordées d'une mer de nuages de plus en plus épaisse. Quelques photos à admirer le temps que je remange un petite barre céréales : (cliquez dessus pour les agrandir !)



Et puis, il est temps de repartir ! Il est 8h41 et je réalise que le sommet est presque là, presque visible ! On part en laissant les américains derrière nous. Là, Papa et Damien ont du se doper quand j'avais le dos tourné car ils vont tellement vite que je demande trois fois de ralentir avant de me laisser tirer ! Je commence à me sentir un peu juste physiquement, et les deux sportifs devant moi s'en tirent bien mieux ! 
"Stooooop ! Photo !"
C'est raide, glacé, et on entend le glacier couler sous nos pied (la terre n'est pas loin). Un gros virage bien pentu semble puiser dans mes dernières forces et je commence à avoir la gorge nouée, comme d'habitude quand je suis crevée. Mais nous doublons à ce moment là une femme qui finit par se laisser tomber à genoux pour pleurer. Bon, si elle pleure, moi je vais faire un effort et garder mes petits yeux au sec ! 
On ne dirait pas comme ça, mais c'est quand même physique. Nous sommes partis de 2735m et nous allons à 4061m. Sans parler qu'à chaque pont de glace où je suis passée et aux deux crevasses à "sauter", la tension nerveuse était bien là (ça m'apprendra à lire trop de Frison-Roche, de Simpson ou de Krakaouer) ! Donc, forcément, à plus de 3850m, tout ça commence à être fatiguant ! 

La fatigue.

Mais un soulagement est là : je respire bien ! Je suis essoufflée, mais c'est normal. J'avais peur à cause de mon asthme (et ça m'aurait bien embêté car le prochain objectif c'est le Népal et ses cols à 5000 !), mais tout roule. Merci les montagnes, je vous aime !
Il faut passer ça. Oui.


Et puis viennent les échelles pour passer la rimaye. On ne va pas se mentir : si j'avais su qu'il aurait fallu sauter des crevasses et monter sur des échelles comme ça avec des crampons, je ne sais pas si j'aurais été d'accord pour faire ce sommet. Mais des fois, l'ignorance a du bon (du très très bon même !). Je regarde donc mon père grimper là haut comme s'il allait chercher son pain... Puis Damien grimper à son tour avec son calme ambiant. Et puis moi j'ai galéré ! Difficile de poser un pied sur des barreaux d'échelles avec des pointes qui sortent des chaussures ! Mais j'ai réussi (sans pleurer de fatigue et de peur) en disant quand même qu'il fallait que j'arrête d'avoir des envies de montagnes si je ne pouvais pas assumer derrière. Je suis consciente de tout ça ! Mais je suis arrivée en haut.

Et puis il est 9h32 et nous sommes tout proche du sommet ! Ici, nous enlevons nos crampons car il ne reste que de la roche, et c'est parti pour la dernière ascension jusqu'à la Vierge qui se tient en haut.


Ce n'est pas de tout repos malgré tout et je dois dire que je suis bien contente que certains aient laissé quelques anneaux de fer pour passer la corde. C'est plus rassurant ! 
Quelques marches pour les géants, et....

LE SOMMET ! En premier lieu, cette Vierge d'un blanc immaculé, décorée de couleurs faites de fleurs, drapeaux et portrait. Je ne suis pas croyante, mais j'ai presque eu l'impression que c'était réellement une "chose" vivante posée là, que chacun vient voir et toucher sans vraiment s'en rendre compte.
En deuxième lieu, la joie. Immense ! La fierté d'être en haut, à mon premier 4000 avec mon père et mon copain. Je ne pouvais rêver mieux ! 
Et enfin la vue. Magique, fantastique, impressionnante, merveilleuse, mouvante, vivante ! Avec du recul, je m'étonne de ne pas avoir versé ma petite larme. Mais l'émotion était bien là, et elle l'est toujours !




Best photo ever

Papa et son autre 4000 derrière lui : le Mont-Blanc !
Nous restons un petit quart d'heure seuls là haut (grâce à un circuit pour monter et descendre différent qui fonctionne bien). Je profite du paysage en essayant - en vain - de ne pas penser à la descente. Je suis maintenant la première de la cordée. Et descendre de là n'est pas facile facile, surtout qu'avec la fatigue mon vertige nouveau me titille. 

Damien "ooh c'est vraiment loin en bas !"

On rechausse les crampons en observant les nuages monter de plus en plus. On réalise la chance qu'on a eu d'arriver avant eux ! J'ai toujours aimé les nuages en montagne : ça la rend plus grande et impressionnante. Aujourd'hui, comme je vois tout ça d'en dessus, c'est une beauté différente mais pas moins beau.


Tout va bien jusqu'aux échelles. Là je panique un peu et annonce "ne vous inquiétez pas je vais pleurer mais ça va !"... donc, je pleure (comme dit mon père, je m'hydrate les yeux) en essayant de descendre cette foutue échelle. Facile, me direz-vous. Mais non parce que les premiers barreau sont contre la glace et que donc je ne peux pas poser mon pied ! Bref... j'y arriverai tant bien que mal (avec un peu plus d'expérience je ferai ça les doigts dans le nez (berk)) !
(Photo de la montée)


Tout se passe bien ensuite, la bonne grimpée qui m'avait laissé K.O est en fait assez facile à descendre et on arrive rapidement au petit "col" (qui n'en est pas un). On appelle ma mère car ça passe pour la rassurer, et on repart ! Le temps change tout le temps, j'adore l'ambiance !





La descente sera un peu plus compliquée que la première partie. Ben oui, il va falloir sauter les deux crevasses ! Moi qui pensais prendre exemple sur la cordée américaine, je suis un peu déçue quand il faut les doubler juste avant la première crevasse. Bon... On respire... je vérifie au moins 50 fois que Damien me laisse assez de corde pour ne pas faire un Axel (mon frère...vous lui parlerez du glacier de l'Arpont dans la Vanoise, en 2009 je crois. Ou à mon père, mais vous risquez d'avoir sa version entrecoupée d'esclaffements ! ). "Allez je compte jusqu'à 3 ! 1...2...3 !" et hop ! Je saute. TOUT VA BIEN !

Une crevasse, mais pas LA crevasse


La seconde, maintenant. Plus large... c'est pas la même chose. 
Vous avez déjà été sur ces grands plongeoirs à la piscine ? Ceux qu'on voit tout en haut et qui paraissent encore plus haut quand on est dessus ? Seul face au vide vous vous y reprenez à dix fois avant de décider de sauter. Vous vous souvenez de cette impression ? Eh bien voilà ce que j'ai vécu. J'ai compter au moins cinq fois jusqu'à trois, avant de m'asseoir dans la neige et de penser à attendre que le glacier avance jusqu'en bas pour descendre tranquillement. Riez ! J'aurai aimé vous y voir avec mes petites jambes ! Heureusement que mon père m'a un peu secouée en m'informant qu'y passer la nuit ne serait pas une bonne idée. J'en rigole bien aujourd'hui mais sur le coup j'aurais donné ma place à qui la voulait ! En tout cas, nous avons tous les trois réussi avec une grâce digne de rhinocéros en tutu rose.

La suite me donne encore quelques frayeurs. La trace n'est pas bien large par endroit, la glace glissante si bien que mon piolet glisse et que je me retrouve à tomber quelques fois en espérant ne pas dégringoler en bas. Sans vouloir vexer Damien, je sais qu'il n'aurait pas le réflexe de bien se stabiliser pour me rattraper, et donc que mon père aurait deux poids à garder avec lui ! Un petit peu de stress en plus, donc... Sans compter que nous sommes sur une partie du glacier un peu plus "vivant" dirons-nous, où ponts de glace et crevasses nous font un joli tableau. Mais donc, on ne s'attarde pas. Beau, mais soyons très attentifs !

Il y a cinq heures, nous posions le pied sur le glacier... Et nous sommes bien heureux de retrouver la terre ferme ! On enlève les équipements, on mange un bout (il est midi passé !) et on s'apprête pour la descente à coup de "oh mais que c'était bien !" "qu'est-ce que c'était beau !" "qu'est-ce qu'on a eu de la chance niveau temps" ! 
Nous avons 700m à descendre avant d'arriver au refuge où des pâtes nous attendent et nous font saliver depuis 10h ce matin !

On se perd un petit peu (sinon c'est pas drôle), dans l'immense pierrier avant la moraine. Damien lance les bâtons de papa sur un petit "sentier" en contre bas* qui n'en est pas un avant qu'on se rende compte qu'en fait, c'est pas le bon chemin (malgré les traces de pas que l'on peut voir). Je choisis de suivre la guide (toujours suivre les guides) et les américains car ils vont dans la direction qu'il me semble reconnaitre de ce matin (je rappelle qu'il faisait nuit, d'où le cafouillage). Impossible d'apercevoir les deux autres en contre bas, je choisis donc de continuer ma route seule. Après tout, le refuge est visible, on se retrouvera là-bas ! 

Au moment un peu ardu où il fallait escalader ce matin vers 6h, je galère un peu. Je vois Damien en contre bas me faire de grand signe. Il est avec le russe qui parle un "anglais-russe" dont on ne comprend rien, mais pas de trace de papa. Ben il est où ? "Auriane ?" ah ben il est derrière moi ! Il a préféré me suivre quand il a vu que c'était pas un vrai chemin, finalement !

On rejoint Damien après avoir traversé un petit ruisseau... Le refuge est à porté de pieds ! Et on est bien heureux d'y arriver. Il est 13h50, on est bien fatigué, affamé mais tellement heureux ! 

*solidarité père fille... ;) 
La joie !
 On trinque avec un coca, un ice-tea et une bière (devinez qui a pris quoi), puis on s'avale un énorme plat de pâtes pour papa et une grosse omelette jambon/fromage pour Damien et moi. On clôture le tout par tartes poire/chocolat et tarte aux fraises (bah oui, on ne se laisse pas abattre !). 
Nous mangeons dans la salle du refuge car dehors il tombe un peu de grésil (quand je vous dis qu'on a eu de la chance !). Je m'amuse des sourires, rires et souvenirs des gens qu'on a croisés sur le glacier. On se moque gentiment d'un monsieur qui s'est endormi sur son banc la tête renversée contre le mur. On s'étonne un peu des visages terriblement fatigués d'un père et son fils qui étaient pourtant (beaucoup trop) débordants d'énergie au moment de chausser les crampons, sept heures plus tôt. Il plane en tout cas une atmosphère d'euphorie générale dans ce beau refuge Vittorio Emanuele II. Il est 15h, il faut repartir.



On arrive à la voiture un peu avant 16h30. Après une douche rapide au camping, on rentre en passant par Courmayeur pour acheter de la charcut Italienne pour une bonne raclette le samedi soir.

J'ai vécu une des plus belles journées de ma vie ! Et comme beaucoup de ces journées, c'est souvent grâce à mes parents qui m'ont permis de faire toutes ces belles choses en montagne et qui m'ont donné le goût de ces choses simples que sont une balade en nature ou des randonnées en montagne. Est-ce qu'on peut remercier assez les personnes qui fabriquent les journées de rêve ? Je ne sais pas. Alors encore une fois, merci papa et maman pour tout ce que vous m'avez fait découvrir et tout ce que vous me faites encore découvrir ! :)

(Merci aussi à mes sponsors : mes grands-parents Baguy & Mamie Coco. Eh oui, vous avez financé mes vacances, alors vous avez droit à une dédicace !)

Ascension du Grand Paradis - 4061m !

Jeudi 5 Septembre 2019 Il est 3h56 quand j'entends des voix dans la chambre d'à côté. Enfin il est l'heure de se lever ! Ent...